jeudi 22 décembre 2011

Un temps de réjouissances?

Au premier coup d’œil, certains indicateurs portent à croire que l’économie américaine semble enfin se remettre sur les rails de la croissance. Par exemple, les statistiques officielles du département du travail montrent que le taux de chômage a reculé à 8,6 % le mois dernier. Il s’agit du niveau le plus faible en deux ans et demi. Les dépenses en biens de consommation durables, particulièrement dans le secteur de l’automobile, ont aussi progressé depuis quelques mois.

En cette période des Fêtes, sabrons le champagne pour célébrer cette rare bonne nouvelle sur la planète économique.

Je pourrais conclure cette chronique ici avec les souhaits usuels de meilleurs vœux pour un très joyeux Noël ainsi qu’une année 2012 remplie de joie et de bonheur.

Eh non! Il faut malheureusement regarder au-delà des apparences, car les statistiques sont parfois trompeuses…

Prenons seulement le marché de l’emploi.

Le taux de chômage est le rapport entre le nombre de chômeurs et la population active. La population active est définie comme étant l’ensemble des personnes qui :
i)      exercent un emploi;
ii)    sont prêtes à travailler; et
iii)   cherchent activement du travail.
Les gens non véritablement en quête d’un emploi sont donc exclus.

Le recul du chômage en novembre s’explique en bonne partie de la façon suivante : plusieurs personnes découragées avaient arrêté toute démarche durant la semaine de référence, c.-à-d. la période durant laquelle le sondage a eu lieu et, par conséquent, cela a fait artificiellement diminuer les statistiques.

En ajoutant dans l’équation ci-dessus les personnes démoralisées et celles travaillant à temps partiel à la recherche d’un emploi à temps plein, le taux de chômage s’élèverait à plus de 15 %...

De plus, ce résultat, si inquiétant soit-il, présuppose que la zone euro n’éclatera pas, car si tel était le cas, les conséquences sur le système bancaire américain seraient tellement désastreuses qu’on qualifierait dès lors la faillite de Lehman Brothers comme de la « p’tite bière ». Qui dit faillite dit pertes d’emplois.

Sans compter que la croissance démographique américaine est très vigoureuse par les temps qui courent. Cela signifie qu’au moins 100 000 emplois doivent être créés chaque mois, et ce, uniquement pour suivre le rythme de l’augmentation de la main-d’œuvre.

Joyeuses Fêtes !?!

lundi 5 décembre 2011

Charles Ponzi n’aurait pas fait mieux!

En analysant de plus près la crise de la dette en Grèce, on s’aperçoit qu’elle ressemble étrangement à une chaîne de Ponzi sur le point d’exploser.

Qu’est-ce qu’une chaîne de Ponzi?

Ce système repose sur l’utilisation de capitaux provenant de nouveaux investisseurs pour financer les promesses faites aux plus anciens. Tout cela fonctionne tant et aussi longtemps que l’arnaqueur réussit à dénicher de l’argent frais. C’est d’ailleurs le « génie » derrière cette escroquerie. Mais bien sûr, ce n’est qu’une question de temps, car tôt ou tard, le système explosera et la plupart des investisseurs perdront tout ce qu’ils ont investi.

La Grèce s’est offerte de généreux programmes sociaux dont elle n’avait forcément pas les moyens de financer à partir de recettes fiscales jugées normales. Elle a donc dû, au fil des ans, augmenter de façon déraisonnable les taux d’imposition. Cela a évidemment étouffé la croissance économique tout en légitimant l’évasion fiscale.

Devant son incapacité grandissante à délivrer les biens et les services publics auxquels pouvaient s’attendre des citoyens avec une telle charge d’impôt sur le dos, le gouvernement grec a opté pour la solution de rechange facile, c.-à-d. les emprunts obligataires. Mais ceux-ci sont rapidement devenus insoutenables. Aujourd’hui, la plupart des nouveaux emprunts servent à payer les intérêts de ceux contractés antérieurement.

Les banques grecques ont longtemps soutenu leur gouvernement en achetant ses obligations. Malheureusement, ces banques n’ont plus les reins assez solides pour financer les déficits budgétaires chroniques du gouvernement, mais en même temps, elles ne peuvent pas se permettre de le voir faire défaut, car celui-ci est supposé les garantir en cas de besoin…

À ce stade-ci, si nous étions dans un avion, le pilote allumerait sans nul doute le voyant de la ceinture de sécurité, car la zone de fortes turbulences approche.

lundi 21 novembre 2011

Repenser le profil d’investisseur

Le profil d’investisseur est un outil essentiel. Premièrement, celui-ci  établit le niveau de risque que l’épargnant est prêt à assumer en se basant sur des données factuelles, dont l’âge, l’horizon de placement et les besoins de revenus futurs. Par la suite, il lui suggère des fonds privilégiant les trois principaux niveaux de diversification, c.-à-d. par classe d’actifs, géographique et par style de gestion.

En période de prospérité, tout cela a plus ou moins d’importance, car les pertes se font plutôt rares.

Mais la récente crise financière est venue changer la donne.

Aujourd’hui, force est de constater que le profil d’investisseur traditionnel n’est plus du tout adapté au nouveau paysage économique caractérisé par des pertes de plus en plus fréquentes.

À voir les réactions des investisseurs, il est évident qu’un tel questionnaire devra dorénavant comporter des questions relatives aux aspects psychologiques permettant de déterminer la personnalité et le style cognitif de l’épargnant (les rapports qu’il entretient avec son milieu).

Une refonte est donc imminente.

Voici des exemples de questions ayant pour fil conducteur une orientation sociocognitive qu’il serait intéressant de retrouver dans une éventuelle mise à jour.

1.       Où prenez-vous la plupart de vos décisions en matière de placement?
a)      À la maison
b)      Au travail
c)       En voyage
d)      Lors des rencontres avec votre conseiller en sécurité financière

2.       Lequel des moyens ci-dessous vous permettrait de gérer efficacement une situation problématique?
a)      Vous en discuteriez avec des amis.
b)      Vous la régleriez vous-même.
c)       Vous consulteriez un professionnel.
d)      Vous feriez comme si elle n’existait pas.

3.       Quelle était l’attitude de vos parents face à l’argent?
a)      Ils en discutaient ouvertement.
b)      Ils n’en parlaient jamais.
c)       C’était un sujet très délicat.

4.       Quelle est votre principale source d’information en matière de placement?
a)      Les médias
b)      Les livres à propos de l’investissement
c)       La famille et les amis
d)      Votre conseiller en sécurité financière

5.       Combien de temps consacrez-vous à la gestion de vos placements?
a)      De 2 à 5 heures par semaine
b)      De 2 à 5 heures par mois
c)       De 2 à 5 heures par année
d)      Durant vos temps libres
e)      Le moins souvent possible

6.       Que feriez-vous si vous receviez de nouveaux amis à souper?
a)      Vous suivriez une recette proposée par un magazine populaire.
b)      Vous adapteriez une vieille recette pour obtenir plus de finesse au niveau du goût.
c)       Vous laisseriez libre cours à votre imagination.
d)      Vous demanderiez l’avis d’un ami.
e)      Vous engageriez un chef cuisinier.

mardi 15 novembre 2011

Une invitation toute spéciale

Avec la crise financière, de nombreux épargnants ont vu leur portefeuille se déprécier de façon considérable, ce qui les pousse maintenant à se questionner sur la validité du profil d’investisseur qui devait leur suggérer des placements offrant le meilleur rapport risque-rendement.

C’est dans cette optique que je vous convie à venir assister à ma conférence intitulée « Repenser le profil d’investisseur en temps de crise » qui aura lieu dans le cadre du Congrès de l’assurance et de l’investissement.

Quand ? Le mercredi 16 novembre 2011 à 14:00
Où ? Palais des congrès de Montréal, salle A
UFC ? 1 en conformité


Au plaisir de vous y rencontrer !

vendredi 11 novembre 2011

Des dominos ou des grains de maïs?

Par les temps qui courent, la plus grande crainte des marchés est « l’effet domino » que provoquerait la défaillance de la Grèce sur les autres économies fragiles de la zone euro, dont l’Italie, l’Espagne et le Portugal.

L’expression « effet domino » fait allusion à un jeu de dominos dans lequel la chute d'un élément entraîne celle de tous les autres. Pour contrer une telle réaction en chaîne, il faut veiller à ce que le premier domino ne tombe pas. C’est d’ailleurs l’idée derrière la mise en place de plans de sauvetage par les dirigeants de l’Union européenne.

Mais à ce stade-ci de la crise, il va falloir se rendre à l’évidence : il n’est plus question « d’effet domino », mais bien « d’effet maïs éclaté ».

Le maïs soufflé est une friandise faite de grains de maïs que l'on a fait éclater à chaud dans un récipient hermétique. Contrairement à une chaîne de dominos positionnés de manière à interagir les uns avec les autres, l’éclatement de chaque grain de maïs est complètement aléatoire et indépendant. Pour empêcher toute explosion, il faut s’attaquer à la cause structurelle, c.-à-d. la chaleur.

La véritable source du problème de la zone euro vient du fait que les gouvernements ont grossi plus vite que leur économie. Qu’est-ce qui explique cela?

L’accumulation de déficits budgétaires gonfle l’encours de leur dette publique et augmente leurs charges futures. Chaque fois qu’ils contractent de nouveaux emprunts, les marchés réclament des taux d’intérêt de plus en plus élevés. À long terme, le poids de leur dette devient carrément insoutenable par rapport au niveau de leurs recettes.

Donc, même si la Grèce était réellement sauvée, cela ne changerait rien : si chacun des pays n’apporte pas des changements structurels à la vitesse grand V, la zone euro est condamnée.

L’exemple de la Turquie entre 2000 et 2001 montre clairement l’efficacité d’apporter de tels changements. Après une forte contraction économique, elle releva le défi d’opérer un assainissement budgétaire en améliorant la qualité de ses finances publiques et en corrigeant les facteurs à l’origine des profonds déséquilibres.

Mais la crise de la dette ne passera pas d’un coup. D’ici là, attachons nos ceintures de sécurité.   

mardi 18 octobre 2011

Quand la diversification internationale ne tient plus la route

Le Canada ne représente que 5 % de la capitalisation boursière mondiale, dont 75 % du marché est concentré dans les deux secteurs suivants : la finance et les ressources. Aux dires des experts de la finance, voilà pourquoi il existe un potentiel de diversification important au-delà de nos frontières. Par exemple, les États-Unis offrent davantage de possibilités de placement dans des secteurs tels que la technologie de l’information, la consommation et les soins de santé.

La diversification internationale est donc une façon de répartir un portefeuille à travers les différentes régions du globe pour accroître le rendement et atténuer le risque de concentration. Autrement dit, c’est l’équivalent de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier.

L’idée derrière cette théorie est que l’activité économique n’augmente ou ne ralentit pas au même rythme d’un pays à l’autre. Ces décalages peuvent créer des occasions dans certaines régions qui compensent des pertes subies ailleurs dans le monde. Ce principe de gestion repose sur un concept statistique connu sous le nom de « corrélation ».

La corrélation entre plusieurs actifs financiers correspond à l’intensité de la liaison qui existe entre eux. C’est le coefficient de corrélation qui permet de déterminer cette liaison. Celui-ci est compris entre -1 et 1.

Plus le coefficient est proche de 1, plus les actifs financiers évoluent dans la même direction. À l’extrême, s’ils sont parfaitement corrélés, il n’y a aucune diversification possible.

Au contraire, plus celui-ci s’approche de -1, plus les actifs financiers sont corrélés négativement, c.-à-d. ils évoluent en sens inverse. C’est à ce moment que la diversification prend tout son sens, car la baisse de l’un n’entraîne pas la chute des autres.

Lorsqu’il tend vers 0, les actifs financiers évoluent de façon indépendante.

Depuis des lunes, la plupart des experts de la finance nous ont « cassé les oreilles » en clamant haut et fort que les marchés émergents étaient corrélés négativement par rapport aux marchés occidentaux. Mais cette mentalité est sur le point de changer, car au cours des 30 dernières années, la corrélation entre les différentes bourses mondiales a progressé de façon substantielle. Il suffit de regarder les grands titres de l’actualité financière au petit déjeuner pour se rendre compte qu’une brusque liquidation de titres en Asie s’est aussi propagée en Europe et que ces deux continents ont tout simplement réagi à la dégringolade de Wall Street ayant eu lieu la veille. Il est donc de plus en plus rare que le résultat d’une bourse donnée soit à contre-courant.

Qu’est-ce qui explique cela ?

Entre autres, il y a la mondialisation. Celle-ci est la mise en œuvre de quatre processus, dont la globalisation financière. Les vecteurs incontournables de toute globalisation financière sont les multinationales. À titre d’exemple, plus de 20 % des revenus des entreprises composant l’indice Dow Jones Industrial Average proviennent des pays émergents; environ 35 % des revenus des compagnies incluses dans le FTSE 100 sont générés en Amérique de Nord; et près de 15 % des entreprises constituant le Korea Composite Stock Price Index découlent de leur présence en Europe. Toute crise financière qui se répand à l’échelle mondiale est donc susceptible de ralentir les activités de ces grandes entreprises. La répercussion se fait alors sentir sur leurs profits. Cela déçoit les investisseurs de partout et les pousse à vendre ces titres.

Il y a aussi les grandes sociétés de gestion, dont les portefeuilles atteignent des sommes colossales et sont composés d’actifs provenant de plusieurs régions du monde. En effet, ces sociétés sont très souvent responsables de la propagation de secousses d’une bourse à l’autre, car leurs gestionnaires ne prennent pas toujours des décisions d’achat et de vente reliées aux facteurs économiques fondamentaux. Ils doivent aussi ajuster les portefeuilles en fonction des demandes des clients. Prenons l’exemple de centaines de milliers d’investisseurs qui, apeurés par une manchette nationale, comme l’abaissement de la note de crédit de leur pays, demandent le rachat de leurs parts. Pour suffire à cette demande, les gestionnaires doivent liquider certains actifs. Cela peut tout aussi bien être des titres chinois ou indiens, provoquant ainsi la chute de ces marchés.

La théorie de la diversification internationale ne tient plus la route comme avant. La prudence est donc de mise.

jeudi 6 octobre 2011

À la croisée des chemins

Les marchés vont-ils enfin comprendre qu’il faut prendre chacune des interventions des dirigeants de la zone euro avec un grain de sel?

À titre d’exemple, au début de la crise, on nous disait que tout risque de défaut souverain était nul. Ensuite, les dirigeants ont précisé l’affirmation précédente en ajoutant qu’il n’y en aurait pas avant 2013. Un peu plus tard, on apprenait que la Grèce avait besoin de restructurer sa dette, mais que cette restructuration serait unique. Puis, en juillet dernier, les chefs d’État de l’Union monétaire se sont réunis à Bruxelles afin de concocter un nouveau plan d’aide de près de 160 milliards pour sauver la Grèce et empêcher toute contagion.

À ce stade-ci, il va falloir se rendre à l’évidence : nous sommes rendus à la croisée des chemins. D’un côté, la Grèce est maintenue sur le « respirateur artificiel » encore quelques années grâce à des compressions budgétaires sans précédent ou de l’autre, elle quitte la zone euro, fait défaut et dévalue sa monnaie.

La Grèce a développé cet énorme déficit extérieur à cause du crédit à taux faible dont elle a pu bénéficier grâce à l’euro. On peut d’ailleurs voir des similitudes entre la situation actuelle de la Grèce et celle de l’Argentine de 1998 à 2002. En effet, l’Argentine s’était volontairement enfermée dans une forme d’union monétaire avec les États-Unis en liant sa monnaie au dollar. Mais l’augmentation plus rapide de ses coûts détériora sa compétitivité. Après avoir tenté l’option déflationniste, l’Argentine choisit finalement le défaut et la dévaluation. Elle remit très rapidement son économie sur les rails de la croissance, car dévaluer une monnaie permet surtout de gagner en compétitivité, notamment grâce au commerce extérieur et au tourisme.

Mais cela ne serait pas sans conséquences pour la Grèce.

Premièrement, la dette grecque est libellée en euros. Donc, si la Grèce revenait à sa monnaie nationale, c.-à-d. la drachme, et que celle-ci était dévaluée, elle devrait rembourser en euros un montant encore plus élevé.

Deuxièmement, il y aurait un risque de panique bancaire. Les épargnants grecs seraient en effet tentés de vouloir récupérer leurs euros à la banque avant le retour à la drachme afin de se protéger contre la dévaluation. Les pertes pourraient être colossales : près de €300 milliards au niveau des banques situées directement dans la zone euro et environ €650 milliards pour celles dans les pays périphériques.

Finalement, cela provoquerait probablement une crise politique et un climat d’incertitude dans toute l’Union européenne, car d’autres pays en difficulté seraient susceptibles d’en sortir, ce qui pourrait causer une explosion de la zone.

Comme quoi il n’existe jamais de solution miracle…

mercredi 21 septembre 2011

Il faut jouer de prudence

Par les temps qui courent, en raison des incertitudes sur l’économie mondiale qui ne cessent de faire les manchettes, plusieurs investisseurs ayant délaissé temporairement la Bourse attendent le moment opportun pour y réinvestir leurs liquidités.
Un indicateur financier pouvant être utilisé pour prédire les tendances futures des marchés est l’écart de rendement entre l’indice « Master II » des obligations à haut rendement de la « Bank of America Merrill Lynch » et un bon du Trésor de 10 ans émis par le gouvernement américain.
Créé en 1989, l’indice « Master II » de la « Bank of America Merrill Lynch » se compose de différentes obligations de pacotille et donne un aperçu de l’évolution de ce secteur.
Au sens large, une obligation est tout simplement une reconnaissance de dette. Autrement dit, l’acquéreur prête de l’argent à un gouvernement ou à une entreprise pour une certaine période. En contrepartie, il est rémunéré régulièrement sous la forme de coupons d’intérêt et récupère sa mise initiale à l’échéance.
De façon plus précise, une obligation de pacotille est émise par une entreprise dont le crédit n’est pas très reluisant. Cet investissement est évidemment très spéculatif, car si l’émetteur fait faillite, il ne pourra pas respecter ses engagements et l’obligation n’aura presque plus aucune valeur. Le « haut rendement » d’une telle obligation est donc justifié par un risque de défaut accru.
À l’opposé, un bon du Trésor offre un rendement beaucoup plus faible, mais cette source de revenu est pratiquement sans risque. Pour respecter ses engagements, le gouvernement peut taxer davantage ou carrément imprimer de l’argent.
Une économie chancelante, comme c’est le cas actuellement, est susceptible d’entraîner la dérive de certaines entreprises dont la dette est risquée. Dans de tels moments, les investisseurs sentent bien sûr le besoin de se réfugier vers la qualité, ce qui fait chuter la demande d’obligations de pacotille et propulse l’écart entre leur rendement et celui des bons du Trésor. Au début de septembre 2011, cet écart était revenu au niveau de 2009, c.-à-d. environ 6,3%.
Tout écart supérieur à 6% indique qu’un spectre de récession est omniprésent. La prudence est donc de mise.

mercredi 31 août 2011

Un indicateur plus concret

Les journalistes du monde financier mettent beaucoup trop d’emphase sur les taux de croissance du PIB nominal des pays. Bien sûr, étant donné qu’un PIB nominal ne diminue jamais (sa croissance est simplement moins élevée qu’elle ne l’aurait été dans le scénario de référence), de telles statistiques font toujours d’excellentes manchettes. Mais soyons francs, cela ne veut pas dire grand chose pour le commun des mortels.

Les journalistes devraient plutôt se tourner vers le PIB réel par habitant. Cette mesure serait nettement plus représentative pour monsieur et madame tout-le-monde, car cela les affecte directement.

En effet, le PIB réel par habitant est l’indicateur du niveau de vie d’un pays. Autrement dit, c’est la capacité d’une économie de créer des revenus afin que ses habitants puissent se procurer des biens et des services.

Le niveau de vie peut être décomposé en quatre déterminants : la productivité, l’emploi, les heures travaillées par emploi et la part de la population âgée de 15 à 64 ans. Pour qu’un pays améliore son niveau de vie, il doit faire des gains sur un ou plusieurs de ces facteurs.

À titre d’exemple, en comparant le PIB réel par habitant des pays du G7 au deuxième trimestre de 2011 par rapport à la même période en 2007 (avant la crise financière), on constate que les niveaux de vie au Canada, en France et aux États-Unis ont respectivement baissé de 1%, 2% et 4%. À des fins d’illustration, pour les Américains, une telle diminution se traduit par une perte globale de 4 000 milliards de dollars, c.-à-d. 13 000$ de moins dans les poches de chacun d’eux. La situation est encore pire du côté de l’Italie, du Japon et du Royaume-Uni où les niveaux de vie ont en moyenne chuté de 5 à 6%. Seule l’Allemagne n’a pas perdu de terrain à cet égard.

Voilà des statistiques qui parlent vraiment.

mercredi 24 août 2011

Il y a 40 ans déjà

Le 15 août 1971, Richard Nixon, le 37e président des États-Unis, mettait un terme à la convertibilité du dollar en or. C’est ainsi que prenait fin, après à peine un quart de siècle (1945-1971), le régime de taux de change fixes, communément appelé le système de Bretton Woods.

Sous ce régime, les principales devises du monde étaient indexées au dollar américain qui, à son tour, était lié à l’or selon un prix fixe de 35$ l’once. Ce système avait pour but de permettre aux agents économiques résidant dans des pays différents d’effectuer des transactions entre eux sur la base de taux de change fixes. Autrement dit, la monnaie était limitée à sa fonction primaire, c.-à-d. un moyen de paiement.

Si un pays voulait modifier son taux de change, il devait préalablement obtenir l’accord du Fonds Monétaire International (FMI). Le FMI, créé en 1944 pour être le gardien du régime, assurait donc une progression suffisante et modérée du volume des liquidités internationales afin de préserver un système d’échanges libres et équilibrés entre les différents pays.

À l’époque, les critiques du système de Bretton Woods disaient qu’il était trop rigide et qu’il y aurait moins de perturbations économiques avec un régime de taux de change flottants. Le deuxième argument était carrément « tiré par les cheveux », surtout qu’il n’y eut aucune bulle d’actifs ou crise financière de 1945 à 1971.

En instaurant un régime de taux de change flottants, Nixon voulut redonner de la marge de manœuvre à la politique américaine. Mais sans le savoir, il ouvrit aussi la voie à l’utilisation de la monnaie comme un actif financier au lieu d’un moyen de paiement. À titre d’exemple, en 2010, la plupart des transactions sur les marchés de change ont été effectuées pour répondre aux besoins de couverture et d’investissement des grandes institutions financières.

Aujourd’hui, on constate facilement que l’éclatement du système de Bretton Woods permit aux États-Unis de vivre au-dessus de leurs moyens en accumulant de colossaux déficits externes libellés en dollars.

Des taux de change flottants incitent aussi les gouvernements à dévaluer intentionnellement leur devise afin de s’emparer d’une plus grande part du commerce international. Cela propulse l’or vers de nouveaux sommets. D’ailleurs, si on utilisait encore l’ancienne unité de poids pour l’or, le dollar américain aurait perdu 98% de sa valeur depuis la fin du système de Bretton Woods.

vendredi 19 août 2011

Pas de répit en vue

Dans le contexte économique actuel marqué par la morosité, on pourrait s’attendre à une dégringolade au niveau des prix des produits de base, dont entre autres, le cuivre, le maïs et le coton.
Mais aussi surprenant que cela puisse paraître, les prix de ces produits ne devraient pas être drainés vers le bas par la crise de la dette aux États-Unis et dans certains pays de la zone euro, car la demande demeure robuste (plus particulièrement en Chine) et l’offre se raréfie.
En effet, depuis la nuit des temps, l’expansion de la classe moyenne urbaine d’une économie émergente a toujours eu un impact considérable sur les prix de ces produits.
Si on se fie à l’expérience du Japon dans les années 60 et à celle de la Corée dans les années 80, la consommation de produits de base des pays émergents d’Asie ne devrait cesser d’augmenter dans le futur.
Bien sûr, l’expérience nous enseigne aussi que toute phase d’expansion a une fin, mais celle-ci pourrait durer encore longtemps.

mercredi 10 août 2011

À court de munitions

Depuis quelques décennies, les politiques économiques des pays occidentaux ont suivi le même principe : éviter les récessions à tout prix.

Durant cette période, leur arme de choix fut la politique monétaire. En effet, lorsque les marchés semblaient vaciller, les banques centrales diminuaient les taux directeurs. Cependant, dès qu’elles les laissaient à des niveaux anormalement bas trop longtemps, cela engendrait des bulles de prix des actifs. Ces bulles étaient bien sûr alimentées par une forte croissance de la consommation financée par l’endettement.

D’ailleurs, celle qui éclata en 2007-2008 en est un bon exemple. Mais cette fois, il fallut davantage que le simple jeu de la politique monétaire pour tenter de remettre les économies des pays occidentaux sur les rails de la croissance. Les gouvernements durent aussi adopter des mesures non conventionnelles, dont les stimuli fiscaux et les assouplissements quantitatifs.

Mis à part générer une légère reprise économique, toutes ces mesures exceptionnelles ont principalement contribué à augmenter de façon colossale les déficits budgétaires de ces pays. Entre autres, les États-Unis et la Grande-Bretagne affichent actuellement des déficits budgétaires supérieurs à 10% de leur PIB, du jamais vu en période de paix. Une telle situation laisse croire qu’il n’y aura vraisemblablement plus d’intérêt politique en faveur de l’octroi de nouveaux stimuli.

Donc, si les économies des pays occidentaux tombaient à nouveau en récession, un scénario encore envisageable selon plusieurs experts, quelles options resterait-il à leur disposition pour renverser la vapeur? Ils ont manifestement épuisé toutes leurs munitions en essayant de combattre la dernière crise financière. Autrement dit, ils se sont littéralement « peinturés dans le coin ».

Il nous reste à espérer qu’on ne se rende pas là…

vendredi 5 août 2011

La "Théorie du Dow"

La « Théorie du Dow », une façon d’analyser les tendances et les points tournants, signale que le marché devrait se replier encore un certain temps.
Cette théorie séculaire se base sur l’évolution des indices Dow Jones Industrial Average (DJIA) et Dow Jones Transportation Average (DJTA).
Le DJIA est une moyenne pondérée des prix de 30 titres significatifs, entre autres General Electric et Pfizer, qui s’échangent sur la Bourse de New York.
Le DJTA est une moyenne pondérée des prix de 20 titres liés au transport de marchandises, dont FedEx et UPS, se transigeant aux États-Unis.
D’après cette théorie, la fabrication de biens est la première jambe de l’économie et le transport de ces biens en est la deuxième. Pour que l’économie soit en équilibre, ces indices doivent évoluer en parallèle.
Cependant, depuis quelque temps, le DJIA affichait un rendement positif, tandis que le DJTA était en zone négative. Autrement dit, les fabricants continuaient de produire même si les commandes étaient en baisse.
Cette surproduction amena des surplus d’inventaire. La répercussion se fit alors sentir sur les prix et, par conséquent, les profits diminuèrent.
L’équilibre doit se rétablir.