vendredi 11 novembre 2011

Des dominos ou des grains de maïs?

Par les temps qui courent, la plus grande crainte des marchés est « l’effet domino » que provoquerait la défaillance de la Grèce sur les autres économies fragiles de la zone euro, dont l’Italie, l’Espagne et le Portugal.

L’expression « effet domino » fait allusion à un jeu de dominos dans lequel la chute d'un élément entraîne celle de tous les autres. Pour contrer une telle réaction en chaîne, il faut veiller à ce que le premier domino ne tombe pas. C’est d’ailleurs l’idée derrière la mise en place de plans de sauvetage par les dirigeants de l’Union européenne.

Mais à ce stade-ci de la crise, il va falloir se rendre à l’évidence : il n’est plus question « d’effet domino », mais bien « d’effet maïs éclaté ».

Le maïs soufflé est une friandise faite de grains de maïs que l'on a fait éclater à chaud dans un récipient hermétique. Contrairement à une chaîne de dominos positionnés de manière à interagir les uns avec les autres, l’éclatement de chaque grain de maïs est complètement aléatoire et indépendant. Pour empêcher toute explosion, il faut s’attaquer à la cause structurelle, c.-à-d. la chaleur.

La véritable source du problème de la zone euro vient du fait que les gouvernements ont grossi plus vite que leur économie. Qu’est-ce qui explique cela?

L’accumulation de déficits budgétaires gonfle l’encours de leur dette publique et augmente leurs charges futures. Chaque fois qu’ils contractent de nouveaux emprunts, les marchés réclament des taux d’intérêt de plus en plus élevés. À long terme, le poids de leur dette devient carrément insoutenable par rapport au niveau de leurs recettes.

Donc, même si la Grèce était réellement sauvée, cela ne changerait rien : si chacun des pays n’apporte pas des changements structurels à la vitesse grand V, la zone euro est condamnée.

L’exemple de la Turquie entre 2000 et 2001 montre clairement l’efficacité d’apporter de tels changements. Après une forte contraction économique, elle releva le défi d’opérer un assainissement budgétaire en améliorant la qualité de ses finances publiques et en corrigeant les facteurs à l’origine des profonds déséquilibres.

Mais la crise de la dette ne passera pas d’un coup. D’ici là, attachons nos ceintures de sécurité.   

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