jeudi 6 octobre 2011

À la croisée des chemins

Les marchés vont-ils enfin comprendre qu’il faut prendre chacune des interventions des dirigeants de la zone euro avec un grain de sel?

À titre d’exemple, au début de la crise, on nous disait que tout risque de défaut souverain était nul. Ensuite, les dirigeants ont précisé l’affirmation précédente en ajoutant qu’il n’y en aurait pas avant 2013. Un peu plus tard, on apprenait que la Grèce avait besoin de restructurer sa dette, mais que cette restructuration serait unique. Puis, en juillet dernier, les chefs d’État de l’Union monétaire se sont réunis à Bruxelles afin de concocter un nouveau plan d’aide de près de 160 milliards pour sauver la Grèce et empêcher toute contagion.

À ce stade-ci, il va falloir se rendre à l’évidence : nous sommes rendus à la croisée des chemins. D’un côté, la Grèce est maintenue sur le « respirateur artificiel » encore quelques années grâce à des compressions budgétaires sans précédent ou de l’autre, elle quitte la zone euro, fait défaut et dévalue sa monnaie.

La Grèce a développé cet énorme déficit extérieur à cause du crédit à taux faible dont elle a pu bénéficier grâce à l’euro. On peut d’ailleurs voir des similitudes entre la situation actuelle de la Grèce et celle de l’Argentine de 1998 à 2002. En effet, l’Argentine s’était volontairement enfermée dans une forme d’union monétaire avec les États-Unis en liant sa monnaie au dollar. Mais l’augmentation plus rapide de ses coûts détériora sa compétitivité. Après avoir tenté l’option déflationniste, l’Argentine choisit finalement le défaut et la dévaluation. Elle remit très rapidement son économie sur les rails de la croissance, car dévaluer une monnaie permet surtout de gagner en compétitivité, notamment grâce au commerce extérieur et au tourisme.

Mais cela ne serait pas sans conséquences pour la Grèce.

Premièrement, la dette grecque est libellée en euros. Donc, si la Grèce revenait à sa monnaie nationale, c.-à-d. la drachme, et que celle-ci était dévaluée, elle devrait rembourser en euros un montant encore plus élevé.

Deuxièmement, il y aurait un risque de panique bancaire. Les épargnants grecs seraient en effet tentés de vouloir récupérer leurs euros à la banque avant le retour à la drachme afin de se protéger contre la dévaluation. Les pertes pourraient être colossales : près de €300 milliards au niveau des banques situées directement dans la zone euro et environ €650 milliards pour celles dans les pays périphériques.

Finalement, cela provoquerait probablement une crise politique et un climat d’incertitude dans toute l’Union européenne, car d’autres pays en difficulté seraient susceptibles d’en sortir, ce qui pourrait causer une explosion de la zone.

Comme quoi il n’existe jamais de solution miracle…

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