jeudi 5 janvier 2012

Une bonne résolution

Depuis beaucoup trop longtemps déjà, les investisseurs canadiens ont pris l’habitude de mettre leurs lunettes roses au début de chaque année. Ils oublient les erreurs du passé, dont les mauvais choix de titres et les prévisions incorrectes. Puis, comme le veut la traditionnelle campagne REER, ils injectent de l’argent frais dans les marchés boursiers, se croisent les doigts et se disent en eux-mêmes : « Cette fois, c’est la bonne ! » Sans nul doute que 2012 ne fera pas exception à la règle.

Ne devrait-on pas plutôt prendre une bonne résolution en jouant la carte de la prudence?

En effet, les problèmes fondamentaux ayant complètement paralysés l’économie mondiale depuis 2008 sont toujours omniprésents. Bien sûr, les rêveurs diront que les gouvernements vont intervenir une nouvelle fois, mais il faut se rendre à l’évidence : le résultat serait le même que lors des stimuli précédents, c.-à-d. une reprise modeste et de courte durée.

Sans compter qu’il y a aussi certains risques géopolitiques. Pour n’en nommer que quelques-uns, le Proche-Orient demeure instable, la révolution égyptienne pourrait prendre une mauvaise tournure, la Syrie est un ossuaire et l’Iran est en proie à d’imprévisibles manifestations.

Bonne Année !?!

jeudi 22 décembre 2011

Un temps de réjouissances?

Au premier coup d’œil, certains indicateurs portent à croire que l’économie américaine semble enfin se remettre sur les rails de la croissance. Par exemple, les statistiques officielles du département du travail montrent que le taux de chômage a reculé à 8,6 % le mois dernier. Il s’agit du niveau le plus faible en deux ans et demi. Les dépenses en biens de consommation durables, particulièrement dans le secteur de l’automobile, ont aussi progressé depuis quelques mois.

En cette période des Fêtes, sabrons le champagne pour célébrer cette rare bonne nouvelle sur la planète économique.

Je pourrais conclure cette chronique ici avec les souhaits usuels de meilleurs vœux pour un très joyeux Noël ainsi qu’une année 2012 remplie de joie et de bonheur.

Eh non! Il faut malheureusement regarder au-delà des apparences, car les statistiques sont parfois trompeuses…

Prenons seulement le marché de l’emploi.

Le taux de chômage est le rapport entre le nombre de chômeurs et la population active. La population active est définie comme étant l’ensemble des personnes qui :
i)      exercent un emploi;
ii)    sont prêtes à travailler; et
iii)   cherchent activement du travail.
Les gens non véritablement en quête d’un emploi sont donc exclus.

Le recul du chômage en novembre s’explique en bonne partie de la façon suivante : plusieurs personnes découragées avaient arrêté toute démarche durant la semaine de référence, c.-à-d. la période durant laquelle le sondage a eu lieu et, par conséquent, cela a fait artificiellement diminuer les statistiques.

En ajoutant dans l’équation ci-dessus les personnes démoralisées et celles travaillant à temps partiel à la recherche d’un emploi à temps plein, le taux de chômage s’élèverait à plus de 15 %...

De plus, ce résultat, si inquiétant soit-il, présuppose que la zone euro n’éclatera pas, car si tel était le cas, les conséquences sur le système bancaire américain seraient tellement désastreuses qu’on qualifierait dès lors la faillite de Lehman Brothers comme de la « p’tite bière ». Qui dit faillite dit pertes d’emplois.

Sans compter que la croissance démographique américaine est très vigoureuse par les temps qui courent. Cela signifie qu’au moins 100 000 emplois doivent être créés chaque mois, et ce, uniquement pour suivre le rythme de l’augmentation de la main-d’œuvre.

Joyeuses Fêtes !?!

lundi 5 décembre 2011

Charles Ponzi n’aurait pas fait mieux!

En analysant de plus près la crise de la dette en Grèce, on s’aperçoit qu’elle ressemble étrangement à une chaîne de Ponzi sur le point d’exploser.

Qu’est-ce qu’une chaîne de Ponzi?

Ce système repose sur l’utilisation de capitaux provenant de nouveaux investisseurs pour financer les promesses faites aux plus anciens. Tout cela fonctionne tant et aussi longtemps que l’arnaqueur réussit à dénicher de l’argent frais. C’est d’ailleurs le « génie » derrière cette escroquerie. Mais bien sûr, ce n’est qu’une question de temps, car tôt ou tard, le système explosera et la plupart des investisseurs perdront tout ce qu’ils ont investi.

La Grèce s’est offerte de généreux programmes sociaux dont elle n’avait forcément pas les moyens de financer à partir de recettes fiscales jugées normales. Elle a donc dû, au fil des ans, augmenter de façon déraisonnable les taux d’imposition. Cela a évidemment étouffé la croissance économique tout en légitimant l’évasion fiscale.

Devant son incapacité grandissante à délivrer les biens et les services publics auxquels pouvaient s’attendre des citoyens avec une telle charge d’impôt sur le dos, le gouvernement grec a opté pour la solution de rechange facile, c.-à-d. les emprunts obligataires. Mais ceux-ci sont rapidement devenus insoutenables. Aujourd’hui, la plupart des nouveaux emprunts servent à payer les intérêts de ceux contractés antérieurement.

Les banques grecques ont longtemps soutenu leur gouvernement en achetant ses obligations. Malheureusement, ces banques n’ont plus les reins assez solides pour financer les déficits budgétaires chroniques du gouvernement, mais en même temps, elles ne peuvent pas se permettre de le voir faire défaut, car celui-ci est supposé les garantir en cas de besoin…

À ce stade-ci, si nous étions dans un avion, le pilote allumerait sans nul doute le voyant de la ceinture de sécurité, car la zone de fortes turbulences approche.

lundi 21 novembre 2011

Repenser le profil d’investisseur

Le profil d’investisseur est un outil essentiel. Premièrement, celui-ci  établit le niveau de risque que l’épargnant est prêt à assumer en se basant sur des données factuelles, dont l’âge, l’horizon de placement et les besoins de revenus futurs. Par la suite, il lui suggère des fonds privilégiant les trois principaux niveaux de diversification, c.-à-d. par classe d’actifs, géographique et par style de gestion.

En période de prospérité, tout cela a plus ou moins d’importance, car les pertes se font plutôt rares.

Mais la récente crise financière est venue changer la donne.

Aujourd’hui, force est de constater que le profil d’investisseur traditionnel n’est plus du tout adapté au nouveau paysage économique caractérisé par des pertes de plus en plus fréquentes.

À voir les réactions des investisseurs, il est évident qu’un tel questionnaire devra dorénavant comporter des questions relatives aux aspects psychologiques permettant de déterminer la personnalité et le style cognitif de l’épargnant (les rapports qu’il entretient avec son milieu).

Une refonte est donc imminente.

Voici des exemples de questions ayant pour fil conducteur une orientation sociocognitive qu’il serait intéressant de retrouver dans une éventuelle mise à jour.

1.       Où prenez-vous la plupart de vos décisions en matière de placement?
a)      À la maison
b)      Au travail
c)       En voyage
d)      Lors des rencontres avec votre conseiller en sécurité financière

2.       Lequel des moyens ci-dessous vous permettrait de gérer efficacement une situation problématique?
a)      Vous en discuteriez avec des amis.
b)      Vous la régleriez vous-même.
c)       Vous consulteriez un professionnel.
d)      Vous feriez comme si elle n’existait pas.

3.       Quelle était l’attitude de vos parents face à l’argent?
a)      Ils en discutaient ouvertement.
b)      Ils n’en parlaient jamais.
c)       C’était un sujet très délicat.

4.       Quelle est votre principale source d’information en matière de placement?
a)      Les médias
b)      Les livres à propos de l’investissement
c)       La famille et les amis
d)      Votre conseiller en sécurité financière

5.       Combien de temps consacrez-vous à la gestion de vos placements?
a)      De 2 à 5 heures par semaine
b)      De 2 à 5 heures par mois
c)       De 2 à 5 heures par année
d)      Durant vos temps libres
e)      Le moins souvent possible

6.       Que feriez-vous si vous receviez de nouveaux amis à souper?
a)      Vous suivriez une recette proposée par un magazine populaire.
b)      Vous adapteriez une vieille recette pour obtenir plus de finesse au niveau du goût.
c)       Vous laisseriez libre cours à votre imagination.
d)      Vous demanderiez l’avis d’un ami.
e)      Vous engageriez un chef cuisinier.

mardi 15 novembre 2011

Une invitation toute spéciale

Avec la crise financière, de nombreux épargnants ont vu leur portefeuille se déprécier de façon considérable, ce qui les pousse maintenant à se questionner sur la validité du profil d’investisseur qui devait leur suggérer des placements offrant le meilleur rapport risque-rendement.

C’est dans cette optique que je vous convie à venir assister à ma conférence intitulée « Repenser le profil d’investisseur en temps de crise » qui aura lieu dans le cadre du Congrès de l’assurance et de l’investissement.

Quand ? Le mercredi 16 novembre 2011 à 14:00
Où ? Palais des congrès de Montréal, salle A
UFC ? 1 en conformité


Au plaisir de vous y rencontrer !

vendredi 11 novembre 2011

Des dominos ou des grains de maïs?

Par les temps qui courent, la plus grande crainte des marchés est « l’effet domino » que provoquerait la défaillance de la Grèce sur les autres économies fragiles de la zone euro, dont l’Italie, l’Espagne et le Portugal.

L’expression « effet domino » fait allusion à un jeu de dominos dans lequel la chute d'un élément entraîne celle de tous les autres. Pour contrer une telle réaction en chaîne, il faut veiller à ce que le premier domino ne tombe pas. C’est d’ailleurs l’idée derrière la mise en place de plans de sauvetage par les dirigeants de l’Union européenne.

Mais à ce stade-ci de la crise, il va falloir se rendre à l’évidence : il n’est plus question « d’effet domino », mais bien « d’effet maïs éclaté ».

Le maïs soufflé est une friandise faite de grains de maïs que l'on a fait éclater à chaud dans un récipient hermétique. Contrairement à une chaîne de dominos positionnés de manière à interagir les uns avec les autres, l’éclatement de chaque grain de maïs est complètement aléatoire et indépendant. Pour empêcher toute explosion, il faut s’attaquer à la cause structurelle, c.-à-d. la chaleur.

La véritable source du problème de la zone euro vient du fait que les gouvernements ont grossi plus vite que leur économie. Qu’est-ce qui explique cela?

L’accumulation de déficits budgétaires gonfle l’encours de leur dette publique et augmente leurs charges futures. Chaque fois qu’ils contractent de nouveaux emprunts, les marchés réclament des taux d’intérêt de plus en plus élevés. À long terme, le poids de leur dette devient carrément insoutenable par rapport au niveau de leurs recettes.

Donc, même si la Grèce était réellement sauvée, cela ne changerait rien : si chacun des pays n’apporte pas des changements structurels à la vitesse grand V, la zone euro est condamnée.

L’exemple de la Turquie entre 2000 et 2001 montre clairement l’efficacité d’apporter de tels changements. Après une forte contraction économique, elle releva le défi d’opérer un assainissement budgétaire en améliorant la qualité de ses finances publiques et en corrigeant les facteurs à l’origine des profonds déséquilibres.

Mais la crise de la dette ne passera pas d’un coup. D’ici là, attachons nos ceintures de sécurité.   

mardi 18 octobre 2011

Quand la diversification internationale ne tient plus la route

Le Canada ne représente que 5 % de la capitalisation boursière mondiale, dont 75 % du marché est concentré dans les deux secteurs suivants : la finance et les ressources. Aux dires des experts de la finance, voilà pourquoi il existe un potentiel de diversification important au-delà de nos frontières. Par exemple, les États-Unis offrent davantage de possibilités de placement dans des secteurs tels que la technologie de l’information, la consommation et les soins de santé.

La diversification internationale est donc une façon de répartir un portefeuille à travers les différentes régions du globe pour accroître le rendement et atténuer le risque de concentration. Autrement dit, c’est l’équivalent de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier.

L’idée derrière cette théorie est que l’activité économique n’augmente ou ne ralentit pas au même rythme d’un pays à l’autre. Ces décalages peuvent créer des occasions dans certaines régions qui compensent des pertes subies ailleurs dans le monde. Ce principe de gestion repose sur un concept statistique connu sous le nom de « corrélation ».

La corrélation entre plusieurs actifs financiers correspond à l’intensité de la liaison qui existe entre eux. C’est le coefficient de corrélation qui permet de déterminer cette liaison. Celui-ci est compris entre -1 et 1.

Plus le coefficient est proche de 1, plus les actifs financiers évoluent dans la même direction. À l’extrême, s’ils sont parfaitement corrélés, il n’y a aucune diversification possible.

Au contraire, plus celui-ci s’approche de -1, plus les actifs financiers sont corrélés négativement, c.-à-d. ils évoluent en sens inverse. C’est à ce moment que la diversification prend tout son sens, car la baisse de l’un n’entraîne pas la chute des autres.

Lorsqu’il tend vers 0, les actifs financiers évoluent de façon indépendante.

Depuis des lunes, la plupart des experts de la finance nous ont « cassé les oreilles » en clamant haut et fort que les marchés émergents étaient corrélés négativement par rapport aux marchés occidentaux. Mais cette mentalité est sur le point de changer, car au cours des 30 dernières années, la corrélation entre les différentes bourses mondiales a progressé de façon substantielle. Il suffit de regarder les grands titres de l’actualité financière au petit déjeuner pour se rendre compte qu’une brusque liquidation de titres en Asie s’est aussi propagée en Europe et que ces deux continents ont tout simplement réagi à la dégringolade de Wall Street ayant eu lieu la veille. Il est donc de plus en plus rare que le résultat d’une bourse donnée soit à contre-courant.

Qu’est-ce qui explique cela ?

Entre autres, il y a la mondialisation. Celle-ci est la mise en œuvre de quatre processus, dont la globalisation financière. Les vecteurs incontournables de toute globalisation financière sont les multinationales. À titre d’exemple, plus de 20 % des revenus des entreprises composant l’indice Dow Jones Industrial Average proviennent des pays émergents; environ 35 % des revenus des compagnies incluses dans le FTSE 100 sont générés en Amérique de Nord; et près de 15 % des entreprises constituant le Korea Composite Stock Price Index découlent de leur présence en Europe. Toute crise financière qui se répand à l’échelle mondiale est donc susceptible de ralentir les activités de ces grandes entreprises. La répercussion se fait alors sentir sur leurs profits. Cela déçoit les investisseurs de partout et les pousse à vendre ces titres.

Il y a aussi les grandes sociétés de gestion, dont les portefeuilles atteignent des sommes colossales et sont composés d’actifs provenant de plusieurs régions du monde. En effet, ces sociétés sont très souvent responsables de la propagation de secousses d’une bourse à l’autre, car leurs gestionnaires ne prennent pas toujours des décisions d’achat et de vente reliées aux facteurs économiques fondamentaux. Ils doivent aussi ajuster les portefeuilles en fonction des demandes des clients. Prenons l’exemple de centaines de milliers d’investisseurs qui, apeurés par une manchette nationale, comme l’abaissement de la note de crédit de leur pays, demandent le rachat de leurs parts. Pour suffire à cette demande, les gestionnaires doivent liquider certains actifs. Cela peut tout aussi bien être des titres chinois ou indiens, provoquant ainsi la chute de ces marchés.

La théorie de la diversification internationale ne tient plus la route comme avant. La prudence est donc de mise.